Déjà conceptrice du multiparc du château d’eau, qui les jouxte, la société Proudreed, leader de l’immobilier d’entreprise en France, aménage actuellement les anciens bureaux de la gare marchande de Saint-Louis, pour y accueillir de nouveaux… bureaux.
L’immobilier d’entreprises fait défaut dans la région des Trois Frontières. Ce manque, relevé par les décideurs depuis quelques années, Proudreed, la première société foncière privée française, s’emploie à le résorber depuis que la Ville de Saint-Louis lui a confié les clés de l’ancienne gare marchande, en 2016, pour la transformer et y faire pousser le Multiparc du Château d’eau, trois hectares pour accueillir les entreprises dans des espaces modulaires très adaptables.
Deux bâtiments juxtaposés, un ancien et un moderne
Une nouvelle étape de la reconversion du site se poursuit actuellement avec le chantier de construction lancé en novembre dernier. Il s’agit en fait de deux chantiers en un puisqu’aux anciens bureaux de la gare en cours de réhabilitation sera adjoint un espace moderne. « Avec le château d’eau, ce bâtiment est la dernière survivance de l’ancienne gare, rappelle Bernard Ducy, directeur du développement adjoint chez Proudreed. Plutôt que le détruire, nous avons préféré le conserver, le réhabiliter pour accueillir une offre tertiaire locative de qualité. Nous conservons son enveloppe et nous lui associons une partie moderne, entourée par une résille, une sorte de dentelle couleur rouille qui fera office de pare-soleil et donnera une silhouette très particulière à cette extension. » L’ensemble rassemblera deux époques. D’un côté, donc, du moderne qui se donne les moyens de l’assumer, de l’autre, de l’ancien bien soigné quoiqu’entièrement désossé à l’intérieur : « Nous sommes allés jusqu’à faire de l’aérogommage sur les parements des fenêtres de l’ancien bâtiment », confirme Arnaud Grosskost, conducteur de travaux chez KS Construction. Quant à la dimension écologique du projet, Proudreed va l’asseoir essentiellement sur l’isolation et les pare-soleil qui seront mis en place, préférant « plus de prix bas et moins d’écologie ».
La foncière nationale choisit local
Le chantier, qui représente un investissement de 3,8 millions d’euros, est réalisé par la société alsacienne KS construction suivant les plans de l’architecte Alexia Weil, une autre Alsacienne. Proudreed choisit local, dans la mesure du possible. L’ensemble, neuf plus ancien, représente 2350 m² de bureaux sur trois niveaux plus combles. L’extension aura la même hauteur, donc le même nombre d’étages, que l’ancienne gare. « Le but est de livrer des open spaces qui pourront être cloisonnés à la demande, jusqu’à un minimum de 50 m². Ces bureaux seront loués 145 €/m²/an et pourront accueillir tout type d’activité. Les deux bâtiments seront a priori livrés en février 2022. »
Comme pour le multiparc, c’est Proudreed qui assurera la gestion du bâtiment à l’issue du chantier, au sein d’un ensemble que la foncière dénomme « Veellage ». Un Veellage dominé par un château et qui a perdu sa gare.
Les murs ont une mémoire
Le contraste est saisissant et le sera encore plus lorsque le projet sera achevé. Au béton qui gagne chaque jour un peu plus de hauteur, répondent les murs massifs et peinturlurés de l’ancienne gare. Briques, poutres massives et tapisseries en filigrane composent un univers qui a presque entièrement été désossé. Les aménageurs n’ont toutefois pas fait table rase : à l’extérieur, ils ont conservé les parements des fenêtres et l’aspect général ; à l’intérieur, ils ont choisi de conserver le grand escalier en bois qui dessert les trois étages. Cela fera un élément « vintage » dans un ensemble de bureaux modernes. Cet escalier sera comme un clin d’œil à tout ce qui a transité dans ce lieu pendant cent dix ans, puisque ce bâtiment date de 1910. Si le rez-de-chaussée abritait des bureaux, les étages supérieurs en revanche abritaient les logements de plusieurs familles. Les papiers peints qui restent encore, pour un temps, sur les murs, ne trompent pas sur la destination de ces pièces. On imagine ici des chambres, là une cuisine. En attendant que tout ce monde ait sombré, d’ici un an, les lieux exposent encore leur mémoire…
Source : DNA, Jean-François OTT